Économie de temps….

Voici la version longue d’un article qui va parraitre dans un journal communautaire Québécois. Ça va faire office de chronique ok? Héhé, j’essaie de finir mes travaux à temps pour pouvoir partir à Jaipur en paix. Pour ceux que ça intéresse, je vais bien. Je me sens de plus en plus en contrôle de mes moyens, mon efficacité à l’école s’améliore. Je suis rendue à près de 400 pages de lectures par semaine….en anglais. Objectif: 500. Les examens sont finis jusqu’à la fin novembre et pour l’instant je suis dans les travaux. Autre bonne nouvelle, j’ai été choisie à titre de représentante des Casual Students de mon Université. Je vais pouvoir amorcer la révolution…. ou pas.

Donc je vous laisse au texte en question.

S’apprivoiser la culture

Quinze minutes dans Delhi sont amplement suffisantes pour comprendre le phénomène de choc culturel. Déjà, tous les sens du québécois moyen sont frappés d’un état de confusion général zigzagant entre curiosité, incompréhension et inconfort profond. Premier constat ; La circulation donne le tournis. Dans la capitale de l’Inde compressant l’équivalent de 2/3 de la population canadienne, parler de proximité relève de l’euphémisme. Une seule et même route est partagée par des voitures, des motos, des chevaux, des vendeurs ambulants, des vaches sacrées, des cyclistes, des Rickshaws et/ou tout autre élément mobile imaginable. Ce qui choque dans cette cacophonie ce n’est pas tant la variété mais, l’apparente absence de toute règle régissant la conduite. Les lignes délimitant les voies ne sont que des suggestions, les clignotants ne sont tout simplement pas utilisés et il n’est pas étonnant de voir des motos ou des Rickshaws à contre-sens. Pour signaler sa présence, les conducteurs usent du klaxon. Vous imaginez le vacarme. Les véhicules se frôlent, parfois même s’effleurent mais, ne se touchent jamais. C’est plus instinctif et certainement moins encadré et réglementé qu’au Québec.  Delhi s’apparente à un chaos qui fonctionne. À cet enchevêtrement de bruits, de mouvements, d’odeurs et de couleur s’ajoute une hypnotisante mixité sociale. La foule est composée de citoyens riches à craquer, de mendiants, de petits commerçants, musulmans, hindous, bouddhistes, chrétiens, petits, grands, maigres, gras, jolis, hideux… tout y passe.  Le pire et le meilleur.

Comme si l’observation de cet étrange système n’était pas suffisante pour occuper une vie, arrive le moment fatidique de la prise de contact. Jusque là, tout était extérieur, observé, écouté mais, il faut sauter dans l’arène et communiquer. À Delhi, la majorité des citoyens parlent le Hindi, une des 18 langues reconnues par la Constitution et une des 4000 langues et dialectes parlés en Inde. Ceux qui travaillent avec les touristes ou dans le commerce parlent relativement bien l’anglais alors que la majorité des petits marchands et les chauffeurs de Rickshaws le baragouinent à peine suffisamment pour négocier les prix et comprendre des indications simples. Souvent le langage des signes est nécessaire. Les Indiens qui ont eu accès à une éducation supérieure parlent souvent 3 langues ; leur langue locale, le hindi et l’anglais. Tous ont un accent tonitruant mais, possèdent un niveau d’anglais qui ferait pâlir d’envie bien des Nord-Américains. Ainsi au niveau de la communication, une certaine limitation existe pour l’étranger. Pour réellement toucher l’essence de la culture, il faudra penser à apprivoiser l’hindi, au moins quelques mots afin d’éviter quelques situations fâcheuses.

Au niveau du langage corporel, certaines habitudes peuvent aussi semer la confusion. Par exemple, plutôt que de hocher de la tête de haut en bas pour marquer l’approbation, les indiens dodelinent la tête, ce qui en occident pourrait signifier l’indécision. Quand ils parlent, beaucoup semblent taciturnes. Les échanges usuels se terminent abruptement, sans fioritures, sans merci, par un simple hochement de la tête. De quoi faire sentir à tord que  l’interlocuteur est contrarié.

En somme, le lecteur éclairé comprendra que voyager à en Inde peut représenter un défi de taille puisque l’univers culturel indien est probablement le plus contraire au contexte nord américain. Espérons que les athlètes des Jeux du Commonwealth ont été préparés…

Confronté à un nouvel univers culturel, le nouveau venu se trouve généralement dans un état appelé le choc culturel. Le concept un peu simpliste permet de saisir la gamme d’émotion provoquée par le processus d’adaptation. Il représente l’inconfort et le stress ressenti par un individu lorsque immergé dans un nouveau contexte culturel. Indépendamment de la volonté de celui qui y est confronté, l’adaptation et la compréhension ne sont pas automatiques. Le processus prend du temps, parfois même des années. On parle de quatre phases plus ou moins distinctes: la lune de miel, le choc, la guérison et l’adaptation.

La lune de miel correspond aux premiers moments où le nouveau venu adoptera et apprivoisera avec beaucoup d’enthousiasme son nouveau milieu sans réellement le comprendre ou s’y comporter de façon appropriée. Le choc arrive généralement assez rapidement. C’est le moment difficile où un fort sentiment de rejet et de mélancolie se fait sentir. Confronté à des situations et des comportements qui peuvent sembler étranges ou même complètement révoltants, un renfermement sur soi-même et sur sa culture est souvent observé. Par la suite, le voyageur apprivoise graduellement sa nouvelle réalité. Cette étape exige une remise en question et une ouverture à l’autre. C’est à ce moment qu’il comprend le pourquoi du comment du fonctionnement d’une société et accepte progressivement la différence. Selon le Bureau Canadien de l’éducation internationale (BCEI) quelques facteurs peuvent faciliter l’adaptation culturelle, parmi celles-ci : l’ouverture d’esprit, le sens de l’humour, la capacité d’accepter l’échec, la capacité de communiquer et la curiosité. À travers l’adaptation, l’étranger devient de plus en plus adéquat dans son nouvel environnement et apprend à l’aimer pour ce qu’il est.  Il finira par aimer le chaos indien, par être capable d’évaluer à quel moment traverser la rue pour ne pas se faire renverser, à manger avec les mains sans en mettre partout, il se prendra à dodeliner de la tête en sirotant du thé trop sucré, à aimer négocier sur tout sans se sentir oppressé par l’ampleur de la tâche Il se surprendra d’être arrivé à traverser Delhi du Sud au Nord en bus, sans connaître la destination du bus pour joindre la destination espérée. Et d’y trouver du plaisir.

Toutes les trajectoires ne sont évidemment pas les mêmes. Certains ne s’habitueront jamais, d’autres y arrivent en quelques semaines. L’obstacle principal est d’arriver à comprendre que les habitudes et l’organisation d’une société découlent de valeurs et de notions du « vivre ensemble » différentes. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise pratique. Il n’y a que des attitudes adaptées ou non adaptés à un contexte et qu’il faut prendre le temps de comprendre les mécanismes qui expliquent ces attitudes. Cet effort demande de la tolérance, envers soi et envers l’autre et la capacité de renoncer à la facilité du connu. Attention, il n’est pas question ici de renoncer à sa propre culture mais, bien de trouver des stratégies pour concilier les deux. Il s’agit de trouver des canaux de communication.

Connaissant maintenant l’ampleur de la tâche, un exercice s’impose. Et si cet exemple était transféré au cas des immigrants ? Si il est difficile pour un voyageur de quitter son univers connu et d’apprivoiser un nouveau pays pour quelques temps, l’immigrant lui doit faire le même effort de compréhension et de renonciation, mais pour toute la vie. En tant que société d’accueil, quels mécanismes et attitudes pourrions nous adopter afin de faciliter leur acclimatiation?

La photo n’est pas de moi… Je l’ai trouvée sur un blog

8 réponses à “Économie de temps….

  1. Eh! ma fille, que c’est chouette à lire. On transpose tout ça partout dans le onde et même en France et on touche la réalité…Et même lorsqu’on revient à notre terre chérie, le processus est le même…
    À quel stade te trouves-tu actuellement?
    Merci!
    Carol

    • Je suis bien contente que ça te plaise.
      Pour ma part, je pense, pour ce que ça peut valoir que je suis sur la voie de la guérison. Je suis pas convaincue par l’aspect linéaire du concept…. Je pense qu’on vit plusieurs choc successif concernant des aspects différents de l’apprivoisement….. Une journée c’est les relations homme-femmes, l’autre jour c’est la proximité, un autre c’est la bouffe, et parfois c’est la lourdeur administrative…. Et chaque segment représente un défi de compréhension. Je pense que sur certains aspects je suis adaptée, sur d’autres je ne le serai probablement jamais… Dans tous les cas, je me surprends à aimer passionnément des choses qui me dérangaient au début.

      Et ce matin… à 7 heures au cour de Yoga….. le petit matin, le soleil, bouger. Si c’est pas le paradis ça?

  2. Salut Nat!
    Est-ce toi l’auteure de ce texte? La dernière phrase est surprenante, mais tellement réelle… Bon voyage à Jaipur! J’espère que tu te rendras à Udaipur un moment donnée, c’est une ville féérique… Et si tu vas vers Jaisalmer, fais-moi signe, j’y ai encore des copains 😉

    xx

    • Qu’est ce que tu veux dire par suprenante? Genre qu’elle fite pas ou tu n’es pas d’accord? Je sais pas si je vais avoir le temps de me promener beaucoup au Rajastan puisque je ne pars que 3 jours mais, je vais sans doute y retourner.

    • Ohhh je viens de relire la mauvaise tournure de phrase…. la correction est faite. Mais peut-être que c’est avec le sens que tu accroches. Mais, oui c’est moi qui l’ai écrit pour un journal communautaire de Sherbrooke.

  3. j’ai l’impression que mon premier commentaire est tomber a l’eau de peur de me répéter ,je m’assure que celui ci ce rend. lache pas je t’aime

  4. wow tout a fait charmé, ta passion te ratrape comme tu es forte,considaire toi chanceuse et prévilégier de pouvoir le partager, tu es d’une lucidité qui me surprend j’avoue, je t’admire et me délecterais a l’avenir de tout ce que tu veux nous partager . Bravo

  5. Pingback: Guess who’s back! | Cochon d'Inde

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